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La volonté morale chez EMMANUEL KANT

31 Août 2018 , Rédigé par Philémon KASEREKA Publié dans #TFC

EPIGRAPHE

« De tout ce qu’il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors le monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n’est seulement une BONNE VOLONTE »

                                                                        Emmanuel  Kant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                        

 

« Donc tout élément empirique non seulement est impropre à servir d’auxiliaire au principe de la moralité, mais est encore au plus haut degré préjudiciable à la pureté des mœurs »

Emmanuel Kant

 

 

 

 

 

DEDICACE

 

 

A mon directeur Docteur Abbé DIEUDONNE  UDAGA,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A tous les convives du banquet philosophique

 

 

 

REMERCIEMENTS

A Dieu le Père Tout Puissant Maitre de temps et des circonstances, nos remerciements le plus sincères. Au Supérieur Provincial des Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus le Père Joseph Mumbere  MUSANGA pour le soutient spirituel, matériel et moral. Au Recteur du philosophat Edith Stein le frère Jean-Marie MWAMBA pour  son soutien morale ; au Docteur Abbé Recteur du philosophat Saint Augustin de Kisangani  Dieudonné UDAGA qui, malgré ses multiples occupations a accepté diriger ce présent travail, au Secrétaire Général Académique du philosophât Edith Stein Père Willy SAMIAY pour son sens d’encouragement. Au Révérend Père Zoé MUSAKA pour son soutient spirituel et moral.

Nos vives remerciements à nos très chers parents Papa Paluku KANZEHIRE et Maman Masika KATALIKO qui nous ont donné la vie et continuent de supporter jusqu’à ces jours nos caprices d’enfance. Nos remerciements s’adressent à notre très cher Oncle Charles KATALIKO et Maman Helene pour le soutient moral spirituel et matériel. Nous ne cesserons pas de dire merci à la famille Papa Claude KASEREKA et Maman Mapenzi KATUNGU, qui continue à nous accueillir ici à Kisangani.  Ce travail est une occasion pour nous de remercier tous ceux qui ont contribué de loin ou de prêt à la réalisation de notre travail, à l’occurrence l’Oncle Jean-Claude KATALIKO, Maman Immaculée KATUNGU, nos frères et Sœurs Moise Musyakulu, Joachim, D’assise KAHINDO, Deborah KAVIRA, Sœur Jeannette, Sœur Clémentine, Samuel, Isaac, Sadik, Hekima, Shukuru, Muyisa, Asifiwe Kaghoma, Dévote, Shangwe, Chance, Prince Kamate, Bangobea, Patrick, Richard, Bene, Alliance, Allégresse, Simplice, Eloge, Sage, Possible, Pierrine, Joyeuse, Wivine Nyahene, Justin Mumbere, Muhasa, amis et connaissances,  à tous les convives du banquet philosophique, recevez ici chacun par son nom, nos remerciements du fond du cœur pour votre part de contribution significative à la réalisation de ce présent travail.

 

 

                                             INTRODUCTION GENERALE

Problématique

            L’histoire a souvent montré que l’homme est un être qui veut absolument conquérir sa liberté. La question de l’autonomie de la volonté  ou de la liberté devient pour lui une préoccupation essentielle. Par ailleurs, le problème moral est de toujours et de partout. Il n’est pas de civilisation, pas de groupes humains, pas des personnes particulières, qui y échappent ou puissent s’en abstraire. Le philosophe Emmanuel Kant, développera plus tard une philosophie morale, qui dans son fond, semble être une morale du devoir. Dans sa philosophie de l’intériorité, l’Abbé Udaga avec une réflexion raffinée l’avait aussi souligné d’une certaine manière en disant : «  La théorie de l’ « intentionnalité » porte sur la visée de l’objet par la conscience. »[1] C’est ainsi que le sens de la bonne volonté chez Kant, désigne la pureté des intentions, ou alors l’intentionnalité.

            Dans la perspective que nous avons choisi dans sa philosophie morale, Kant dit : «  De tout ce qu’il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n’est seulement une BONNE VOLONTE »[2] La morale Kantienne n’a pas de fin au sens d’un motif matériel, puisque cette activité se définit comme celle qui est motivée seulement par le concept du devoir, qui, sans être motivé, la volonté guide celle-ci. Pour Kant « Si les conditions et particulièrement les intentions sont bonnes, le bien conditionné est aussi bon. »[3] Cette morale présente un aspect non seulement déontologique, mais aussi téléologique. Dans le sens Kantien, la philosophie pratique doit examiner l’idée et les principes de la volonté. Il semble même que la bonne volonté en tant que telle, doit agir en vue d’une fin. La morale telle que conçut par Kant, doit déterminer  la fin de la moralité. Dans la première préface de la religion dans les limites de la simple raison, Kant nous rappelle que l’action morale, en tant qu’action volontaire, est nécessairement liée à une fin quelconque. Il va plus loin, et explique comment, même si le bien agir ne suppose pas une fin, néanmoins la moralité possède une relation nécessaire à une fin. Le fond de la morale Kantienne laisse entre voir 

 

[1] D. UDAGA, La subjectivité à l’épreuve du mal. Réfléchir avec Jean Nabert à une philosophie de l’intériorité. Paris, L’Harmattan, 2014, p. 71

[2] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubier, 1986, p. 55.                                                        

[3] O. HOFFE, Introduction à la philosophie pratique de Kant. La morale, le droit et la religion.  Suisse, Albeuve, 1985,  p. 60

que, la loi se fait commandement, et la formule de ce dernier Kant l’appelle un impératif[1]. Tous les impératifs sont exprimés par le verbe devoir et indiquent le rapport d’une loi à une volonté.

            La question de l’origine de la morale a toujours été une préoccupation pour la philosophie. D’aucuns ont prétendu y parvenir en cherchant l’origine de la morale dans l’ordre de la nature, dans la recherche du bonheur dans la volonté Divine ou dans le sentiment moral. Le constat est cependant qu’il est impossible de répondre ainsi à l’exigence de l’objectivité de la morale, objectivité qui ne rendue possible aussi bien dans le domaine théorique que pratique qu’à travers le sujet lui-même. Chez Kant «  La volonté est conçue comme une faculté de se déterminer soi-même à agir conformément à la représentation des certaines lois. Et une telle faculté ne peut se rencontrer que dans des êtres raisonnables. »[2] 

            Cette question à savoir sur la morale, qu’un bon nombre des philosophes se sont posés, nous semble être intéressante, d’autant plus que pour Kant, l’origine de la morale a son siège dans l’autonomie de la volonté, dans le fait pour elle-même, de poser ses lois. Comme autonomie est synonyme de liberté, concept clé de temps moderne, cette dernière trouvera grâce  à Kant son fondement philosophique.  Chez Kant la morale émane du seul sujet et de son seul vouloir. Ainsi donc, notre problématique tournera autour  des questions suivantes : Par quoi peut-on déterminer la volonté pour qu’elle soit bonne ? A quoi consiste l’autonomie de la volonté chez Kant ? Et enfin que signifie la morale à son siège dans le fait pour la volonté de poser elle-même ses lois ?

            Notre travail de recherche se voudrait être une analyse et une compréhension du concept de la bonne volonté dans la morale pratique de Kant. Cette approche analytico-compréhensive du concept bonne volonté, voudrait nous aider à saisir la portée philosophique d’une telle préoccupation. La thèse que nous soutenons tout au long de notre cogitation est que grâce à la notion de l’autonomie de la volonté, la moralité trouve sens et son origine en l’homme en tant que sujet.

            Pour atteindre les objectifs que nous nous sommes assignés dans cette investigation, nous utiliserons précisément la méthode d’analyse et de compréhension avec une dose

 

[1]  Ibidem,  p. 126.

[2]Ibidem,  p. 103.

critique. La première nous aidera à comprendre et à disséquer le concept volonté dans le système philosophique Kantien, qui aboutit nécessairement à l’idée de l’autonomie et de la liberté. La dose critique nous servira d’outil en vue d’une remise en question de la pensée de l’auteur d’autant plus que l’œuvre humaine demeure imparfaite et connait toujours des faiblesses.

            Pour qui veut aborder une lecture de Kant, il convient de se mettre en mémoire un certain nombre de notions, sans les souvenirs desquels, l’intelligence du texte serait difficile ; et en particulier, la théorie générale de la connaissance que la critique de la raison pure avait exposée. Cela veut dire que, la morale Kantienne est inséparable de l’ensemble de sa philosophie. Raison pour la quelle, nous allons tout d’abord dans le premier chapitre aborder le contexte d’éclosion de la philosophie Kantienne. Plus encore, cette dernière, ne peut elle-même être comprise que par référence à d’autres pensées, dont elle procède. C’est ainsi que nous aborderons aussi dans ce même chapitre, les influences qu’à subit Kant, pour élaborer sa théorie morale générale et sa conception de la bonne volonté en particulier. En suite le deuxième, portera sur le concept de la bonne volonté ; et sur l’analyse des  grands thèmes de la morale de Kant pour arriver à une compréhension de la volonté en tant que autonomie et fondement de la morale. Et à fin dans le troisième, nous allons essayer de porter un regard critique sur la morale Kantienne.

 

 

 

 

CHAPITRE PREMIER : CONTEXTE D’ECLOSION ET QUESTION MORALE

DANS LE PROJET PHILOSOPHIQUE DE KANT[1]

  1. INTRODUCTION

                                    Au premier niveau de ce travail, nous avons en vue de comprendre ce qu’était Emmanuel Kant: son éducation, sa religion, les influences subies et enfin sa vie qui est selon le philosophe Jules Chevalier « une vie de repliement sur soi, de concentration, de méditation, où il y a un extraordinaire que la puissance de l’homme qui l’a vécu. »[2]

                                    En effet, nous verrons comment la philosophie pratique de Kant, substitue à des nombreux ouvrages qu’il a écrits précédemment et qui constituent le cadre conceptuel dans lequel la question de la morale prendra place et en particulier celui du concept de la bonne volonté. Alquier écrit à ce propos : «  La philosophie morale Kantienne se développe dans le cadre d’une théorie générale de la connaissance que dès 1781 la critique de la raison pure avait exposé. »[3]

                                    Dans les lignes qui suivent, nous allons considérer les influences subies et les sources de la pensée de Kant. La préoccupation qui nous hante  à ce niveau du travail est d’élucider les influences qu’avait subies Kant pour qu’il puisse élaborer sa morale en

 

[1]  Emmanuel KANT naquit à Königsberg le 22 avril 1724 et il y mourut en 1804. Sa mère Anna Regina, qu’il perdit  à l’âge de treize ans, exerça sur la formation de l’esprit du jeune Kant une influence décisive. C’est dans une famille profondément  protestante, que le jeune Kant trouvera son éducation  au Luthéranisme,  que la foi piétiste prétendait  ramener à sa pureté originale. Il est clair que la formation première de Kant, l’avait fort marqué tout au long de sa vie. Kant adoptera la conception Luthérienne de la foi comme acte pratique, sans fondement théorique, c’est-à-dire comme démarche de la volonté sans motif intellectuel. C’est sur cette base qu’il rétablira les thèses essentielles de sa métaphysique comme liberté. D’autres parts, il accepte la doctrine du libre examen, et en fait le pivot de sa morale. Dans le protestantisme, il s’agit de la  conscience religieuse libre d’interpréter les écritures sans règles d’orthodoxie imposées par une église. Kant impose l’idée sur  le plan moral : la volonté est autonome, elle n’obéit qu’aux lois qu’elle se donne elle-même. De cette foi piétiste, Kant retiendra une double thèse. D’abord celle du formalisme de la pensée que Luther avait hérité du nominalisme occamiste et qui se lie chez Kant comme chez Luther à une foi dont l’expérience que j’en ai constitue toute la réalité. C’est cet esprit subjectif et autonome de la foi protestante que retiendra Kant dans l’élaboration de sa théorie morale qui a son fondement dans le fait pour elle, de poser  elle-même ses lois. Ensuite, la deuxième thèse que Kant retiendra du Luthéranisme, est celle du déterminisme absolu dans l’ordre phénoménal régi par la Volonté immuable de Dieu et incompatible avec l’existence de la liberté, en sorte que ce postulat une fois admis, Kant le règle dans  un plan  nouménal, situé hors du monde de l’expérience comme la seule, garantie  de la réalisation de la loi morale qui suppose la liberté. Kant dépassera dans une certaine mesure le piétisme Luthérien, radicalisé par certains penseurs à l’instar de Spenser et deviendra de plus en plus rationaliste. Il est important de souligner que Kant semblait encore retenir la conception  rigide de la foi, et surtout  l’idée selon laquelle, le principe de la morale et de la religion, n’est pas dans l’entendement, mais dans la volonté.  C’est en l’homme en tant que sujet que l’on doit chercher le principe de toute moralité. Kant a écrit beaucoup d’ouvrages, parmi lesquels nous citons : Critique de la raison pure en 1984, Critique de la raison pratique en 1985, fondement de la métaphysique des mœurs en 1986,… (OTFRIED. HOFFE, Introduction à la philosophie pratique de Kant. La morale, le droit et la religion. Suisse,  Albeuve, Ed. Castella, 1985, p.  15.)

[2] J. CHEVALIER, Histoire de la pensée. Tom III. La pensée moderne. Paris, Flammarion, 1961, p. 579.

[3] E. KANT, Critique de la raison pratique. Introduction à la lecture de F. ALQUIE, Paris P.U.F, 1985, p. IV.

générale, qui tient compte de l’autonomie du sujet, et du concept de la bonne volonté en particulier. Enfin nous chercherons à comprendre dans le kantisme le concept « bonne volonté. »

    1. AUX SOURCES DE LA PENSEE DE KANT

            Dans son ouvrage l’histoire de la philosophie moderne, Roger Vernaux décrit Emmanuel Kant comme un grand lecteur des autres penseurs. C’est ainsi qu’il ramène les sources Kantiennes parfois à cinq principales influences[1]. C’est qui reste pour nous la meilleure façon de pénétrer dans la pensée de Kant, nous semble être à notre niveau  celle de passer en revue ses sources et de voir comment il les a appliquées dans sa vie morale. Pour Roger Vernaux, « Les sources kantiennes sont nommées suivant l’ordre où elles se sont exercées : Luther, Wolf, Newton, Hume et Rousseau. »[2]

      1. Les sources Kantiennes

             La philosophie de Kant ne peut être comprise que par référence à d’autres pensées, dont elle procède ; en ce sens que, cette philosophie n’émane pas d’une création purement personnelle[3]. Kant ne semble pas non plus, comme certains philosophes, être né porteur d’une vision du monde, d’une intuition initiale qu’il aurait passé toute sa vie, et son œuvre à expliciter. Selon Ferdinand Alquié Kant a lu Leibniz, Christian Wolf et Rousseau. C’est ainsi qu’Alquié estime dans son introduction à la lecture de la raison pratique: «  La pensée de Kant est toujours réflexion sur une autre pensée, elle part de la connaissance, de la morale populaire pour établir les fondements de la morale. »[4] Nous, nous proposons de montrer qu’à travers les multiples attractions subies, Kant a été conduit par une préoccupation essentielle, celle d’établir que la morale a son principe dans le sujet[5].

        1. De l’influence Luthérienne

La philosophie morale d’Emmanuel Kant, a été aussi influencée pour la plus part de cas par la foi Luthérienne. Pour l’exprimer clairement Roger Vernaux est d’en vue que « nous ne pouvons pas soutenir sérieusement que Kant s’explique  tout entier par ses origines protestantes, que sa philosophie n’est au fond qu’une laïcisation de la théologie

 

[1] ROGER VERNEAUX, Histoire de la philosophie moderne. Paris, BEAUCHESNE et ses Fils, 1963, p. 137.

[2] Ibidem, p. 137.

[3] Ibidem, p. 137.

[4] E. KANT, Op. Cit., p. VII.

[5]  OTFRIED HOFFE, Introduction à la vie pratique de Kant. La morale, le droit et la religion. Suisse, éd. Castella, 1985, p. 54.

luthérienne. »[1] Cependant, il est clair que sa formation première l’a fort marqué pour la vie.[2] Vernaux nous signifie que l’influence de la théologie luthérienne à la morale de Kant, a connue deux niveaux.[3] D’une part, Kant «  adopte la conception luthérienne de la foi comme acte pratique sans fondement théorique, c’est-à-dire comme démarche de la volonté sans motif intellectuel. »[4] De cette conception de la foi, Kant va rétablir les thèses essentielles de la métaphysique : « la liberté, l’immortalité de l’âme et l’existence de Dieu après avoir nié  toute possibilité de les démontrer et même de les connaitre. »[5] C’est à ce sens que Kant parlera plus tard des postulats de  la raison pratique. Par ailleurs, à la suite d’Emmanuel Kant, nous comprenons au sens de Vernaux que « la pensée morale de Kant n’est au fond qu’une laïcisation de la théologie luthérienne. »[6]

D’autre part, Emmanuel Kant « accepte la doctrine du libre examen et en fait le pivot de sa morale. »[7] En nous référant au protestantisme, le libre examen renvoie à la conscience religieuse, libre d’interpréter les Ecritures sans règles d’orthodoxie imposées par une Eglise. Ainsi, Kant transpose cette idée dans le plan moral en disant : « la conscience est autonome, elle n’obéit qu’aux lois qu’elle se donne elle-même. »[8] Ainsi, par cette manière d’enseigner de la religion protestante,  Kant concevra la notion de l’autonomie de la volonté. Telle a été l’influence de cette foi luthérienne sur la morale kantienne. Qu’en est- il de l’influence Wolffienne ?

        1.    De l’influence Wolffienne

         De la pensée Wolffienne, Kant emprunte l’idée selon laquelle, la conduite parfaite est la conduite conséquente avec elle-même, et se reconnaît à ce qu’on peut pousser jusqu’au bout ses principes, sans tomber dans la contradiction.[9] Ne voulant pas se borner à un tel intellectualisme, le rationalisme Kantien va au delà de la pensée de Christian Wolf. Chez Kant, la raison apparaît dans toute sa force, construisant et importante, en particulier comme source de l’autonomie. Kant reconnaîtra aussi à Wolf un métaphysicien

 

[1] R. VERNAUX, Op. Cit., 137.

[2]Ibidem, 137.

[3] Ibidem, p. 137.

[4] Ibidem,  p. 137.

[5] Ibidem, p. 137.

[6] Ibid, p. 137.

[7] R. VERNAUX Op. Cit., p. 137.

[8]  Ibidem, p. 138.

[9] O. HOFFE, Introduction à la philosophie de Kant. La morale, le droit et la religion. Suisse Abreuve, Ed. Castellan, 1985, p. 49.  

dogmatique[1]. A la question : Que devons nous faire ?  Kant nous montre dans son fond que c’est la morale qui fonde la métaphysique et non la métaphysique fondée la morale. Il le disait de cette manière : « […] ce n’est pas le bien qui détermine le devoir, mais le devoir qui détermine le bien, et que ce n’est pas la métaphysique qui fonde la morale, mais la morale qui fonde la métaphysique. »[2] La métaphysique de Wolf est dogmatique aux yeux de Kant en ce sens qu’elle se développe sans avoir préalablement critiqué de son instrument que Kant appelle : la raison,[3]et en ce sens qu’elle prétend connaître l’être en soi par raison pure que Emmanuel Kant appelle l’a priori.[4] De cette critique de la métaphysique Wolffienne, Kant gardera l’idée que la métaphysique ne doit qu’être a priori.

    1.1.1.3  De l’influence de Jean Jacques ROUSSEAU

          La philosophie morale Kantienne, semble restée face à l’épreuve du temps et influence toujours fortement la communauté intellectuelle et philosophique. Il convient de noter que Kant lui-même, à une période de sa vie, a été influencé par Rousseau. Alors, quelle a été l’influence évidente de Rousseau sur Kant ? Cette influence comme l’avoue Kant lui-même, a d’abord fait glisser le cœur de sa réflexion, des connaissances purement liées à la nature et à l’univers vers une connaissance liée à l’homme. Les provocations et défis de Rousseau à l’encontre de Kant, touchent des questions fondamentales. L’idée qui a marqué si profondément la morale kantienne est celle contenue surtout dans le contrat social de Rousseau stipulant : « fais à autrui comme tu veux qu’on te fasse, inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle. »[5] Cela constitue un anneau important du développement de la pensée Kantienne et a orienté ou modifié la direction de la pensée morale Kantienne.

                  Après son contact avec la doctrine de Rousseau, Kant précisa sa croyance en l’autonomie. En effet, comme Rousseau,  Kant pense lui aussi que, la moralité peut révéler et ouvrir à la métaphysique. Ici Kant trouvera le fondement des impératifs catégoriques qui constituent le sommet de sa morale: « Fais ton bien avec le moindre mal à autrui. »[6]L’influence de Rousseau confirmera les principes de son éducation première, et

 

[1] R. VERNAUX, Op, Cit., p. 138

[2] R. VERNAUX, Op. Cit., p. 161, p. 162.

[3] Ibidem, p. 138

[4] Ibidem, p.138

[5] JEAN JACQUES ROUSSEAU, Du contrat social. Paris, Union générale D’édition, 1973, p. 60

[6] Ibidem, p. 60

le mènera sur la voie qui devait le conduire à la reconnaissance du primat de la raison dans son usage pratique.[1]  

                    L’influence de la pensée de Rousseau sur la philosophie morale d’Emmanuel Kant a connue deux volets importants : d’une part Kant sera influencé ici par le fait que chez Rousseau comme nous le précise Roger Vernaux, « l’idée donc que la conscience morale est un absolu, règle unique de l’action et fondement des certitudes métaphysiques. »[2] A cela s’ajoute une éducation piétiste de Rousseau. D’autre part, Kant sera influencé aussi par « l’idée que toute moralité réside dans la pureté d’intention, sans référence à la matière ou à l’objet des actes humains.»[3] Cela va beaucoup plus inspirer Kant à concevoir le concept de « bonne volonté » comme la pureté des intentions.

    1.  UNE MORALE DU SUJET ET NON DE L’OBJET

           Chez Kant, la valeur émane du seul sujet et de son seul vouloir[4]. La pensée antique surtout chez Aristote, cherchait l’esprit du coté de l’objet ; l’esprit était alors découvert dans le monde, comme le principe de son ordre ou de son mouvement. C’est comme disait le philosophe Yvon Belaval : « Toutes choses tendent vers un monisme qui n’est plus comme celui des stoïciens ou de Spinoza, il s’agit du monisme d’une substance ; c’est celui du sujet. »[5]  L’effort de Kant, est de vouloir séparer la valeur de tout ordre objectif. Le fondement de la morale Aristotélicienne était dans l’ordre de l’objet. Pour résoudre le problème politique, elle considérait la société dans sa totalité, et par analyse,  déterminait ses fonctions.[6] De même, dans l’âme individuelle, c’est la vertu de justice qui fondait les autres vertus, mettant à leur place chacune des facultés de l’homme. Cependant, le christianisme dévalorisa et persuada l’homme, que son âme seule était le signe du divin, et seule était spirituelle.

            Ainsi, les philosophies, de Descartes à Kant, se présentent- elles comme des rappels au sujet. «  A l’antidémocratisme platonicien, où l’individu n’est pensé que dans sa fonction sociale ; se substitue l’affirmation de la valeur en soi du sujet raisonnable. »[7] Il

 

[1] J. CHEVALIER, op. Cit. p. 585.

[2] R. VERNAUX, Histoire de la philosophie moderne. Paris Bauchesne et ses fils, 1963, p. 139.

[3]  Ibidem, p. 139.

[4] E. KANT, Op. Cit. p. IX.

[5] YVON BELAVAL, Histoire de la philosophie2. L Renaissance, l’âge classique, le siècle des lumières. La révolution Kantienne. Paris, Gallimard, 1973, p. 793

[6] ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, Paris, Vrin, 1983, p. 17

[7].Ibidem, p. 585.

importe, à ce niveau, voir la spécificité du sujet Kantien en ce sens que, Kant chez lui, la morale est étroitement liée à la notion du sujet et de son  seul vouloir.

      1. La place du sujet dans la morale Kantienne

          La question qui hante la pensée d’Emmanuel Kant, est de savoir où se trouve le sujet véritable. La conviction de Kant est que le principe de la moralité, s’il est sujet, ne saurait être découvert dans la nature car cette dernière, par son objectivité et son                                                                                     déterminisme, ne saurait jamais contenir une liberté.[1] Ce sujet ne pourrait donc être empirique. L’action peut alors s’articuler de la manière suivante : si le sujet Kantien ne peut être empirique, faut il le chercher au-delà de la nature subjective ? C’est-à-dire  comme un moi connu par l’intuition[2] ?

             Dans la première critique de Kant, ce genre de connaissance est refusé. La critique de la raison pure refuse de poser le moi comme substance. C’est ainsi qu’il est supposé par un grand nombre d’auteurs que la critique de la raison pure avait laissé la problématique du sujet à la fois urgente et indéterminée.[3] Le moi pensant affirme Kant, «  n’est donné dans la conscience que comme unité de ses représentations. »[4] Le but essentiel de Kant, est en effet, de vouloir rendre son autonomie en distinguant la conscience de l’acte.

            En effet, le cogito cartésien a, quant à lui, double aspect : Il est à la fois, fait d’expérience et comme un transcendantal.[5] Emmanuel Kant entreprit de le dissocier. Dans sa démarche morale, l’effort de Kant est de vouloir soustraire la loi à toute influence empirique. Il distingue ainsi, la conscience empirique et la conscience transcendantale.[6] Le «  je pense » cartésien est temporel alors que le « je pense » kantien semble se situer dans les phénomènes. Et comme le remarque Lâchiez-Rey,  « le temps, loin de contenir le « je », est ici déployé par lui et compris dans son unité. »[7] Ainsi, l’activité organisatrice et constructive de la pensée, est séparable des phénomènes qui en résultent. C’est ainsi que s’annonce déjà l’idée que développera Kant dans sa critique de la raison pratique selon laquelle, « la volonté en tant qu’autonome, n’a pas ses principes dans les phénomènes, mais elle s’autodétermine »[8] ; ce qui permettra à Kant de spécifier le sujet, que la critique

 

[1] Y. BELAVAL, Op, Cit., p. 824.

[2] Ibidem, p. 793.

[3] Ibidem, p. 793.

[4] E. KANT, Critique de la raison pure. Paris P.U.F, 1984, p. 225.

[5] Y. BELAVAL, Op, Cit., p. 824.

[6] Ibidem, p. 228.

[7] E. KANT, op.  Cit. p. X.

[8] Ibidem, p. X

de la raison pure avait laissé indéterminé en son essence. C’est la seule découverte de la loi morale qui rendra plus explicite ce thème.

      1. La raison pratique comme volonté en tant que autonomie

                    Kant mène sa révolution non seulement sur le terrain de la connaissance, mais également sur celui de l’action. La position privilégiée que la science occupe dans la connaissance revient dans l’action à la morale, qui, au sens du philosophe Yvon Belaval, « si dans le domaine théorique c’est la science qui pose l’exigence de validité universelle d’objectivité, dans le domaine pratique de la raison, c’est la morale.»[1] C’est une raison suffisante pour dire que la révolution kantienne de la philosophie pratique donne lieu à un renouvellement des fondements de la morale. C’est maintenant dans la volonté en tant qu’autonomie du sujet qu’on dégage l’origine de la moralité comme dirait Ivon Belaval : «  la loi morale est conçue comme principe formel de l’usage pratique de la raison, la même raison qui se manifeste dans la pensée scientifique et éthique. »[2] D’après Kant, Wolf et sans doute bien d’autres philosophes avec lui, ne perçoivent pas le sens de l’idée de volonté pure, c’est-à-dire empiriquement non déterminée, alors qu’il s’agit d’une idée fondamentale pour Kant. C’est pourquoi, Kant considère qu’il explore « un champs entièrement nouveau. »[3] Le nouveau fondement que Kant donne à la morale est issu d’un examen critique de la raison pratique.

                   En effet, celle-ci n’est pas une raison autre que la raison théorique. Il s’agit de la raison, mais appliquée à la pratique et non à la théorie. D’une manière générale, la raison signifie la faculté de dépasser le domaine des sens et de la nature. Le dépassement des sens par la connaissance représente l’usage théorique de la raison. Le dépassement des sens désigne « la faculté d’agir indépendamment des principes de détermination dus aux sens, à savoir les désirs les besoins et les passions, les sentiments de l’agréable et du désagréable. »[4]

                   Selon Roger Vernaux en séparant strictement les utilisations théoriques et pratiques de la raison, Kant retrouve la distinction de Hume entre  les propositions descriptives et prescriptives.[5] Malgré cela, Kant demeurera sombre dans ses écrits où il

 

[1] Ibidem, p. 49.

[2] Y. BELAVAL, Histoire de la philosophie2. La Renaissance, l’Age classique, le siècle des lumières, la révolution Kantienne. Paris, Gallimard, 1973, p. 825.

[3] JOHN RAWLS, Leçon sur l’histoire de la philosophie morale. Paris, La Découverte, 2002, p. 178.

[4] Ibidem, p. 178.

[5] R. VERNAUX, Histoire de la philosophie moderne. Paris, Beauchesne et ses fils, 1963, 139.

traitera de la morale. Il utilise, en effet, un langage plus cognitif que normatif se refusant à une normalisation hâtive. Kant examine la faculté, non pas d’agir selon les lois préétablies de la nature, mais de se présenter soi-même avec elles. Cette faculté, d’agir d’après la présentation des lois, s’appelle chez Kant la Volonté. Ainsi la raison pratique n’est rien d’autre que la faculté de vouloir. A ce propos Ivon Belaval écrit : « La volonté est donc une raison pratique qui détermine ses actes uniquement d’après la représentation des lois. »[1]

1.2.3. Conclusion partielle

           Cette partie de ce travail a été inscrite dans un cadre de la systématisation de la pensée kantienne.  C’est ainsi que nous avons exposé le développement de la pensée de Kant en tenant compte de son projet pour une critique transcendantale de la raison, afin d’examiner la place de la philosophie pratique dans le système pour insinuer les avis précurseurs de la deuxième partie qui constitue le fond de notre investigation, à savoir la volonté qui prend place dans la morale kantienne.

             En effet, les différentes influences qu’avait subies Kant, lesquelles influences l’avaient amené vers une philosophie et une liberté, qui tient compte de la priorité du sujet, dans lequel, Kant cherchera l’origine de toute moralité, surtout dans l’autonomie de la volonté. Contrairement aux morales antiques qui cherchaient l’origine de la moralité dans l’ordre de la nature. Nous pouvons noter une double influence subie par Kant à savoir d’une part, l’influence du christianisme, et plus particulièrement du piétisme que lui a inculqué sa mère, lui fourni que la morale est avant tout une affaire de pureté d´intention et de rectitude du vouloir. D´autre part, Rousseau lui révèle dans Emile ou de l’éducation une idée fondamentale qui dit que nous pouvons être homme sans être savant, ce qui signifie que la vertu n’est affaire ni de science, ni de connaissance. Cette démanche nous a montré que, la volonté dans la pensée kantienne, n’est pas empiriquement déterminée, c’est-à-dire a les principes de détermination à l’intérieur d’elle-même. C’est la raison spéculative dans son usage pratique. Qu’en est-il de cette bonne volonté ?    

           

 

 

 

 

[1] Y. BELAVAL, Op. Cit., p. 827.

CHAPITRE DEUXIEME : CE QU’EST LA BONNE VOLONTE CHEZ KANT

         2.0 INTRODUCTION

L’œuvre d’Emmanuel Kant a été plus influencé par la philosophie de Jean Jacques Rousseau. Par sa théorie de la volonté générale Rousseau a bouleversé toute la pensé morale du philosophe Emmanuel Kant. L’idée contenue dans la théorie de la volonté générale de Rousseau, sera transposée par Emmanuel Kant pour élaborer son concept de bonne volonté comme une pureté des intentions.

Dans cette partie de ce travail nous traitons des maximes et lois pratiques, qui constituent le fondement de la morale kantienne ; nous avons en vue de comprendre aussi ici l’impératif catégorique et le concept de liberté comme clé de l’autonomie de la volonté et de la moralité chez Kant. Au sens de Jean-Luc Nancy, « il ne s’agit pas de morale.  Il s’agit de ce qui nous oblige, de ce qui fait de nous des êtres obligés : une loi au-delà de la loi, qui nous est donnée et à laquelle nous sommes abandonnés. »[1] Le  problème de l’obligation a pris une importance démesurée dans la philosophie à partir de Kant. Alors que le bien moral reste la notion de base de la morale ancienne, l’impératif catégorique devient chez Kant le « primum cognitum »[2]de l’ordre moral ; il est le fait de raison sur lequel repose tout l’édifice de la vie morale et de l’éthique philosophique. Pour y arriver parlons bien avant tout comment Kant conçoit l’idée d’une bonne volonté.  

      1. L’idée d’une bonne volonté

Pour Kant « de tout ce qu’il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors le monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être  tenu pour bon, si ce n’est seulement une BONNE VOLONTE.»[3] Kant affirme donc que le pouvoir, la richesse, la considération, même la santé ainsi que le bien être et le contentement de son état, ce qu’on nomme le bonheur engendre une confiance en soi qui peut aussi se convertir en présomption.[4] Dès qu’il n’y a pas une bonne volonté, pour redresser et tourner vers des fins universelles l’influence que ces avantages ont sur l’âme, sans compter qu’un spectateur raisonnable et impartial ne saurait jamais éprouver de satisfaction à avoir que tout réussisse perpétuellement en un être qui ne révèle aucun trait de pure et bonne volonté,

 

[1] J-L.  NANCY, L’impératif catégorique. Paris, Flammarion, 1983, p. 140.

[2] R. SIMON, Morale. La philosophie de la conduite humaine. Paris, Beauchesne et ses fils, 1960, p. 189.

[3] E.  KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubin, 1986, p. 55.

[4] Ibidem, p. 87.

et qu’ainsi «  La bonne volonté paraît constituer la condition indispensable même de ce qui est digne d’être heureux. »[1]

C’est comme disait le philosophe Georges Pascal que ce qui fait que la bonne volonté soit telle ne sont pas ses œuvres ou ses succès, ce ne pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, c’est seulement" le vouloir" c’est-à-dire que c’est en soi qu’elle est bonne[2].

En effet, Kant affirme que la compréhension de la bonne volonté dépend  également du concept de devoir parce que ce dernier épuise le sens ou le contenu  de ce que nous appelons ici bonne volonté. Kant écrit : « La bonne volonté est la volonté d’agir par devoir.»[3] Cependant, pour que la volonté agisse par devoir il ne suffit pas qu’elle agisse conformément au devoir, car des actes conformes au devoir peuvent parfaitement être  accomplis sous l’empire soit de vues intéressées soit d’inclinations immédiates qui n’ont en elle-même rien de morale. En fait,  Kant distingue : « L’agir conformément au devoir et agir par devoir. »[4] Ces attitudes se font remarquer dans la vie pratique. Nous adoptons souvent la première attitude pendant la recherche de nos intérêts. Le fait de chercher à conserver sa vie en cherchant à satisfaire ses désirs à tout pris, accorde une place très importante à la première attitude. Par ailleurs, l’on sait que rendre service à quelqu’un est un acte bon et cela est susceptible d’être qualifiée de morale. Cependant, cela ne veut pas dire que tout service est moralement bon. Car, il dépend de l’intention du service. Ainsi, Kant dit que la valeur morale ne se trouve pas dans la réalisation d’un service et non plus dans le but à atteindre ; mais dans la raison pour laquelle il faut comprendre la notion de la bonne volonté.[5]

    1. Des principes de détermination  de la volonté

Emmanuel Kant, vient non seulement de concevoir la volonté en tant qu’elle peut être déterminée comme appartenant à un monde intelligible mais aussi également comme appartenant au monde intelligible pure. Il nous fait remarquer que les notions des impératifs ou des lois morales sont étroitement liées à la thématique de la bonne volonté dans sa morale. A ce propos Delbós écrit : « la liberté est coextensive à tout usage pratique de la raison, et une volonté n’est volonté que parce qu’elle choisit des maximes qui

 

[1].   Ibidem., p. 88.

[2] G. PASCAL, Pour connaitre la pensée de Kant. Paris Bordas, 1996, p.114.

[3] . E. KANT, op. Cit, p. 39.

[4] . J. VIALATOUX, La morale de Kant. Paris, P.U.F., 1968, p. 114.

[5] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubin, 1986,  p. 100

peuvent être subjectives ou objectives. »[1] Mais qu’est ce qui fait que la volonté est bonne ? Selon Georges Pascal ce ne sont pas ses succès, ce n’est pas son aptitude à atteindre le but qu’elle se propose ; c’est la nature même du vouloir.[2] D’où l’action morale ne tire pas sa valeur du but qu’elle se propose, ce qui signifie que l’obéissance à la loi doit être indépendante du contenu de la loi. Par la suite pour la volonté, je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle.[3]

Dans son éthique à Nicomaque Aristote nous apprend que toutes choses dans la nature, agit d’après la représentation des lois et il n’y a qu’un être raisonnable qui ait la faculté d’agir d’après la représentation des lois.[4] Si la raison chez un être détermine la volonté, les actions de cet être qui sont nécessairement objectives  sont aussi reconnues comme telles subjectivement. En ce sens si la volonté n’est pas encore en soi pleinement conforme à la raison, alors les actions qui sont reconnues nécessaires objectivement, sont subjectivement contingentes est la détermination d’une telle volonté est une contrainte.[5] Le rapport des lois objectives à une volonté bonne est représenté comme la détermination de la volonté d’un être raisonnable par des principes auxquels cette   volonté selon la nature, n’est pas nécessairement docile. Comment comprendre alors les maximes, les lois pratiques et les impératifs dans la morale de Kant ?

2.2.1 Maximes[6]et lois pratique de détermination de la volonté bonne et de la moralité

La volonté, selon une définition fréquente de Kant, est la faculté d’agir d’après les règles.[7] Ces règles sont des maximes lorsque le sujet ne les considère comme valables que pour sa propre volonté. De ce point de vue, elles sont simplement subjectives. Elles sont objectives au contraire et sont proprement des lois lorsque le sujet les reconnaît comme capables pour la volonté de tout être raisonnable.[8]

 

[1] V. DELBOS, sur la théorie kantienne de la liberté  dans Bulletin française du 27 octobre 1904

[2] G. PASCALE, Pour connaitre la pensée de Kant. Paris, Bordas, 1966, p. 114.

[3] Ibidem, p. 117.

[4] ARISTOTE, Ethique à Nicomaque, Paris, Vrin, 1983, p. 17.

[5] G. PASCALE, Op, Cit., p.114.

[6] Désignons par « maxime » le principe subjectif de mon action, la loi en sera le principe objectif. La première sera le principe d’après lequel le sujet agit ; tandis que la loi est le principe objectif, valable pour tout être raisonnable, le principe d’après lequel il doit agir. O. HOFFE, Introduction à la philosophie pratique de Kant. Suisse, Albeuve, Castellan, 1985, p. 192.

[7] Ibidem, p.123.

[8] E. KANT, Critique de la raison pratique. Paris, Aubin, 1986, p. 123.

Cependant, pour Kant les maximes ne sont pas seulement des règles subjectives ou objectives, elles font partie des principes que Kant définit comme  « Proposition reformant une détermination générale de la volonté dont dépendent plusieurs règles pratiques.»[1] Les maximes sont des actes accomplis volontairement, consciemment et librement, et dont, par conséquent on peut être tenu pour responsable. Comme au sens de la compréhension de Hoffe, en tant que principes les maximes contiennent contrairement à un vouloir purement contingent issu d’une situation momentanée, ne s’applique à des cas uniques mais au contraire à un grand nombre des cas semblables.[2] Kant estime aussi que la maxime en tant que détermination de la volonté, n’est pas une régularité de nos actions, de nos faits et gestes, mais bien plus une règle pour les principes qui déterminent notre vouloir.[3] Et vouloir chez Kant signifie non pas un simple vœu comme "Je voudrai bien", mais le principe déterminant dans l’action, dans la mesure où il réside dans le sujet lui-même.  

Enfin, Kant souligne aussi le fait que chacune des règles posées n’est pas une maxime dans le sens d’une détermination fondamentale de la volonté. Le degré de généralité indiquée est une condition nécessaire mais non suffisante ; le fait que quelqu’un prenne pour règle d’aider les nécessiteux n’implique pas que cette règle, sans doute générale, soit motif dernier, non déduite à son tour de la détermination de la volonté. Cette règle peut encore dépendre de la règle supérieure de ne rien entreprendre qui cause de la réprobation ou du châtiment dans l’au-delà.[4]

      1. L’impératif catégorique comme impératif de la moralité

Dans la pensée Kantienne, la loi se fait commandement et la formule de ce commandement Kant l’appelle impératif.[5] Tous les impératifs  sont exprimés par le verbe "devoir" ou le sollen[6]et indiquent le rapport d’une loi objective de la raison à une volonté

 

[1] . Ibidem, p. 31.

[2] O. HOFFE, op, cit., 1985, p. 83.

[3] E. KANT, op, cit,. 123.

[4] Ibidem, p. 125.

[5] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubin, 1986, p. 87.

[6] Dans la morale kantienne, tous les impératifs sont exprimés par le verbe devoir et ils indiquent par là le rapport  d’une loi objective de la raison à une volonté qui, selon sa constitution subjective, n’est pas nécessairement déterminée par cette loi (une contrainte) Car il n’ya que la loi qui entraîne avec soi le concept d’une nécessité inconditionnée, véritablement objective, par suite d’une nécessité universellement valable, et les commandements sont des lois auxquelles il faut obéir, c’est-à-dire se conformer même à l’encontre de l’inclination. Kant distingue ici deux catégories des devoirs : les devoirs stricts et les devoirs larges. Notons que dans les devoirs stricts la maxime ne peut pas être conçue sans contradiction comme loi universelle de la nature, tandis que, dans le cas des devoirs larges, elle ne peut être voulue comme telle. Ici le principe fondamental reste pourtant le même : il faut que nous puissions vouloir que ce qui est une maxime de notre action devienne une loi universelle. En fait, lorsque nous, nous dérobons au devoir, nous ne voulons pas le moins du monde que la maxime de notre action soit érigée en loi universelleG. PASCAL, Op, Cit., p. 122.

qui, selon sa constitution subjective, n’est pas nécessairement déterminée par cette loi(une contrainte).[1] Kant se retrouve  devant une des  formes les plus pures de morale du devoir et de l’obligation. Il distingue deux types d’impératifs :

Au premier niveau Kant retrouve l’impératif hypothétique. Ces impératifs représentent la nécessité pratique d’une action possible, considérée comme moyen d arriver a quelque autre chose que l’on veut ou du moins qu’il est possible qu’on veuille.[2] C’est comme dans la phrase : Fait ceci si tu veux cela ; cette phrase repose sur le principe analytique qui veut la fin veut aussi le moyen.[3] Dans ce cas, l’action n’est bonne que comme moyen pour une fin ; elle n’est pas comme telle bonne en soit. L’impératif hypothétique peut être une habileté  ou un impératif de la prudence. Quand aux  impératifs catégoriques par rapport aux premiers ils s’imposent. Pour Kant l’impératif catégorique serait celui qui représenterait une action comme nécessaire pour elle-même, et sans rapport à un autre but, comme objectivement nécessaire.[4] Ces derniers contrairement aux premiers, s’imposent absolument, inconditionnellement il est catégorique et représente l’action comme objectivement nécessaire ; il a « la valeur d’un principe apodictiquement pratique ».[5] En fait dans le cas de l’impératif catégorique, on ne voit plus ce qui peut lier la volonté à une loi. Au dire  du philosophe Jean-Luc Nancy, il ne s’agit pas de morale. Il s’agit de ce qui nous oblige, de ce qui fait de nous des êtres-obligés : une loi au-delà de la loi, qui nous est donnée et à laquelle nous sommes abandonnés.[6]  Cette loi est  liée puisque cette liaison est analysable.

Dans le deuxième cas, la volonté n’est liée qu’à la loi en elle-même, qui ordonne inconditionnellement. L’impératif catégorique ne dit pas : Faites ceci si vous voulez réussir ou si vous voulez être heureux, mais faites ceci, purement et simplement.[7] C’est pourquoi Kant dit que l’impératif catégorique est l’impératif de la moralité.[8]

Kant vient de désigner auparavant, par « maxime », le principe subjectif de nos actions. Dans ce contexte, la loi en sera le principe objectif. La première sera « le principe d’

 

[1] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Vrin, 1980, p. 84.

[2] Ibid., p. 85.

[3] Ibidem., p. 123.

[4] E. KANT, op. ct.,  p. 85.

[5] Ibidem, p.  124.

[6] J-L. NANCY, op, cit., p. 140.

[7] G. PASCAL, op, cit., 122.

[8] R. SIMON, Morale. Philosophie de la conduite humaine. Paris, Bauchesne et ses fils, 1967, p. 193.

lequel le sujet agit, tandis que la loi est principe objectif, valable pour tout être raisonnable, le principe d’après  lequel il doit agir. »[1] Dès lors, si l’impératif n’est pas autre chose que la nécessité pour la maxime de se conformer à la loi, si par ailleurs, la loi ne saurait valoir par son contenu, l’impératif catégorique ne pourra exprimer que la nécessité pour cette maxime de se conformer à cette loi selon sa forme, c’est-à-dire son universalité. D’où la formule type de l’impératif qui est fondamentale et dont les autres dériveront : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle.»[2]

2.3 De l’autonomie de la volonté comme liberté morale

            L’autonomie provient de sa détermination par l’impératif catégorique. C’est pour Kant la volonté morale. Cette volonté morale fait de l’homme un être obligé, non par des impulsions provenant de l’extérieur, mais de l’intérieur de celui qui agit.

2.3.1 La liberté ou l’autonomie de la volonté condition de possibilité de l’impératif catégorique

            Pour Kant l’impératif catégorique est le principe moral. Dans l’éthique et en particulier pour Kant, la question des principes à une double signification. Il s’agit d’une part, de trouver le critère suprême de toutes les actions morales.[3] Du fait que ce critère vérifie lui-même la moralité des principes  moraux (maximes) et que les principes moraux de leur coté servent de critère aux concrets. Pour le philosophe Otfried Hoffe,  nous avons en faire à un critère des critères moraux à « un critère du deuxième degré »[4], qui peut être nommé selon Hoffe   méta critère ou critère de base. C’est de ce critère qu’il s’agit dans le cas de l’impératif catégorique[5].

            D’autre part Kant entend trouver si le terme de « principe moral », la raison ultime  fait que quelqu’un peut agir conformément à l’impératif catégorique. Il cherche à connaitre le principe de la subjectivité morale, qui est pour Kant, comme dit précédemment l’auto détermination ou l’autonomie de la volonté.[6] La condition de possibilité de l’acte moral réside dans la faculté de la volonté, de se déterminer selon des règles qu’elle se donne elle-

 

[1] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubin, 1986, p. 136.

[2] Ibidem, p.136.

[3] Ibidem, Fondement de la métaphysique des mœurs, Paris, Aubin, 1986, p. 127

[4] Ibidem, p. 127.

[5] Ibidem, 127.

[6] Ibid, p. 128.

même.[1] Les deux aspects de la question sont ainsi liés. L’impératif catégorique désigne la loi qui détermine la volonté autonome, et c’est l’autonomie qui rend possible un acte conforme à l’exigence de l’impératif catégorique. En fait, René Simon, dans son commentaire affirme : « la condition de possibilité de l’impératif se trouve dans la liberté. L’idée du devoir implique, en effet, que la volonté puisse se déterminer indépendamment des mobiles de la nature sensible et sans contrainte par eux. »[2]

            En signe d’insistance, Kant affirme que l’homme peut être considéré à deux points de vue : comme un être appartenant au monde sensible, il est soumis aux lois de la nature, et sa volonté, quand il s’y renferme, ne peut être qu’une volonté hétéronome ; comme être appartenant au monde intelligible, il relève des lois purement rationnelles, et sa volonté, loin de les subir, les promulgue par ses maximes[3]. Kant affirme par là la possibilité de l’impératif catégorique. En effet, si nous appartenions qu’au monde intelligible, nos actions seraient toujours en accord avec le principe de l’autonomie pure ; si nous n’appartenions qu’au monde sensible, elles seraient inévitablement soumises à l’hétéronomie des événements naturels ; mais nous appartenons aux deux mondes, et comme le monde intelligible est le fondement du monde sensible, la nécessité idéale pratique du monde intelligible s’impose en nous comme devoir sous forme d’un impératif.[4] C’est ce concept du monde intelligible qui opère la synthèse entre la volonté affectée par les inclinations et la volonté législatrice universelle. C’est à ce concept que  renvoie la liberté.

2.3.2. Des principes de l’hétéronomie de la volonté, plaisir et bonheur   

            L’idée d’auto-législation remonte à Rousseau qui, dans le contrat social dit que «  l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté. »[5] Mais c’est Kant qui découvre dans l’idée que, Rousseau effleure le principe fondamental de toute l’éthique, et qui en propose le fondement.

            La question de la structure fondamentale de la volonté morale, question ignorée  par l’éthique actuelle, et traitée en deux temps par la Critique de Raison Pratique. Kant commence à éliminer toutes les maximes provenant d’une volonté non morale empiriquement déterminée, et nous livre le principe universel des maximes.[6]

 

[1] R. SIMON, Morale. Philosophie de conduit Parfaite. Paris, Beauchesne et ses fils, 1961, p. 84

[2] R. SIMON, op. cit., p. 195.

[3] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris Aubin, 1986, p. 53.

[4] Ibidem, p. 54.

[5] J. ROUSSEAU, Du contrat social. Paris Union Générale d’Editions, 1973, p. 77.

[6] E. KANT, Critique de la raison pratique. Paris, P.U.F, 1985, p. 19-20.

L’argumentation de Kant s’appuie sur les concepts de matière et de forme de la faculté de désirer. Il entend par matière tous les objets, états ou activités, dont la réalité est désirée parce que leur obtention promet du plaisir. Kant écrit : « Tous les principes pratiques, qui supposent un objet de la faculté de désirer, comme principe déterminant de la volonté sont empiriquement et ne peuvent fournir des lois pratiques. »[1] Kant ne limite pas le plaisir et le désir au domaine sensible comme manger, boire, vivre sa sexualité, se détendre. En font partie également les joies spirituelles, à savoir les activités intellectuelles, créatrices ou sociales. C’est pourquoi la condition importante dans l’éthique pré-kantienne et dans l’utilitarisme, à savoir la distinction entre les joies inférieures des sens et supérieures de l’esprit perd toute signification pour le fondement de l’éthique. En effet, Kant affirme que tout acte dirigé par la joie ou le plaisir que l’on attend et par la crainte du déplaisir (douleur frustration), est toujours empirique.[2]

En fait il est important de souligner que ce n’est que par l’expérience que l’on apprend ce qu’on désire et si la réalisation du désir comme le manger ou le boire est lié au plaisir ou au déplaisir ou elle leur est indifférente. Les expériences qui s’y rapportent sont, dans le meilleur des cas, valable en général, mais jamais universellement. C’est pourquoi, Kant dit que ces principes de détermination ne peuvent pas fournir des lois pratiques de caractère strictement universel, objectif et nécessaire. « C’est la raison par elle-même sans intermédiaire d’un sentiment de plaisir ou de peine qui détermine la volonté. »[3]

            Le principe universel commun à tous les principes de détermination matériel réside dans l’avantage personnel, l’amour personnel ou le bonheur personnel. Kant dit d’ailleurs lui-même que tout être raisonnable mais fini désire nécessairement le bonheur.[4] Car, en raison de la nature du désir, le bonheur comme satisfaction de l’existence entière n’est pas une possession originelle mais constitue un problème auquel personne ne peut se soustraire.[5]

            La remarque de Kant concernant la signification du bonheur permet de comprendre pourquoi, dans l’histoire de l’éthique philosophique, le bonheur est toujours considéré

 

[1] Ibidem, p. 19.

[2] E. KANT, Critique de la raison pratique. Paris, P.U.F, 1985, p. 24.

[3] G. DELEUZE, La philosophie pratique de Kant. Paris, P.U.F, 1963, p.12.

[4] E. KANT, op, cit., p. 24

[5] Ibidem, p. 19-20.

comme principe de l’action morale.[1] En effet, en titre illustratif, l’éthique à Nicomaque d’Aristote représente bien l’éthique philosophique parmi celles qui prennent le bonheur pour principe de l’agir des hommes. Pour Aristote, le bonheur est la fin suprême, au-delà de laquelle on ne saurait penser autre fin.[2]

            Cependant, Kant dévoile la raison qui fait précisément que toutes les théories qui rattachent la morale au principe du bonheur sont erronées. Etant donné que la morale possède le caractère d’universalité, d’objectivité et de nécessité, mais que le bonheur, comme satisfaction de son existence entière, dépend de la constitution empirique du sujet, de ses inclinations penchants et besoins, de ses intérêts, désirs, bref, parce que le bonheur dépend des conditions individuelles, sociales et relatives à l’espèce, il ne peut servir de loi universelle ni, par conséquent, être principe de détermination de la volonté, par là même de morale.

      1. L’auto-législation de la volonté comme autonomie de liberté

Dans le fondement de la métaphysique des mœurs Kant se demande  en quoi peut bien consister la liberté de la volonté, sinon dans une autonomie, c’est-à-dire dans la propriété qu’elle a d’être à elle-même sa loi?[3] La proposition selon laquelle la volonté, dans toutes les actions, est à elle-même sa loi, n’est qu’une autre formule de ce principe : « il ne faut agir que d’après une maxime qui puisse aussi se prendre elle-même pour objet à titre de loi universelle. »[4] Si donc la liberté de la volonté est supposée, il suffit d’en analyser le concept pour en déduire la moralité avec son principe. Outre d’être une loi universelle, telle donc seulement que la volonté puisse se considérer elle-même légiférant universellement en même temps sa maxime. »[5] La moralité selon Kant consiste dans le rapport de toute action à la législation qui seule rend possible un règne des fins.[6]Pour cela cette législation au dire de Kant, doit se trouver dans l’être raisonnable même, et doit pouvoir émaner de sa volonté, dont voici alors le principe que présente Kant : « n’accomplir l’action que d’après une maxime telle qu’elle puisse comporter en

 

[1] Ibid., p. 22.

[2] ARISTOTE, Ethique à Nicomaque. Paris,  P.U.F, 1985, p. 31.

[3] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubin, 1986, p. 180.

[4] Ibidem, p. 180

[5] Ibid., p. 112.

[6] Ibid., p. 112.

outre d’être une loi universelle, telle donc seulement que la volonté puisse se considérer elle-même légiférant universellement en même temps sa maxime. »[1]

Pour Kant, les activités de l’esprit qui relèvent du domaine des principes de détermination matériels ou empiriques sont exclues du domaine de la morale en tant que moralité. Kant se demande si l’on n’a pas épuisé la totalité des déterminations possibles et si, par conséquent, on n’a pas évacué du même coup la morale. Dans la deuxième phrase de sa démonstration, Kant montre qu’une fois toute matière exclue, il demeure toujours la forme de la maxime. C’est pourquoi, la morale réside là où la «  simple forme législative des maximes est à elle seule le prince suffisant de détermination de la volonté. »[2] Comment alors la volonté doit-elle être constituée  pour qu’elle ne puisse être déterminée que par la seule forme législative ?

Dans la Critique de la Raison Pure déjà, l’indépendance de toute causalité avait été définie comme liberté transcendantale : « j’attend au contraire, par liberté, au sens cosmologique, la faculté de commencer de soi-même un état dont la causalité n’est pas subordonnée à son tour, suivant la loi de la nature. »[3] Kant ajoute aussi : « il est surtout remarquable que, sur cette idée transcendantale de la liberté, se fonde sur le concept pratique de la liberté. »[4] Ainsi, la morale a son siège, sa source dans la liberté et c’est dans son sens le plus strict, dans son sens transcendantal comme dirait Kant : « une volonté à laquelle la pure forme législative de la maxime peut seule suffire de la loi est une volonté libre. »[5] Ou encore : « la liberté, c’est donc la faculté de se donner à soi-même la loi : l’autonomie. Or l’autonomie c’est l’expression même de la loi morale : si bien qu’une volonté libre et une volonté soumise à la loi morale ne font qu’une. »[6] Une volonté libre de toute causalité et de détermination extérieure est une volonté qui  se donne elle-même sa loi.[7] Kant poursuit en disant : « l’unique principe de toutes les lois morales est de ce fait

 

[1] Ibid., p. 112.

[2] E. KANT, Critique de la raison pratique. Paris, P.U.F, 1985, p. 41.

[3] Ibidem, Critique de la raison pure, Paris, P.U.F, 1985, p. 41.

[4] Ibidem, p. 395.

[5] E. KANT, Critique de la raison pratique. Pa ris, P.U.F, 1985, p. 42.

[6] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubin, 1986, p. 51.

[7] La différence entre les lois d’une nature à laquelle la volonté est soumise et celle d’une nature soumise à une volonté eu égard au rapport de cette volonté à ses actions ; consiste en ce que dans la première, les objets doivent être causes des représentations qui déterminent la volonté, tandis que dans la seconde, la volonté doit être cause des objets, si bien que la causalité de la volonté a son principe déterminant exclusivement dans la faculté de a raison pure, qui, pour cette raison peut être appelée une raison pure pratique. E. KANT, Critique de la raison pratique. Paris,  P.U.F, p. 42.

l’autonomie, l’auto-législation de la volonté. »[1] Il apparait maintenant que la loi morale est, et doit être toujours considérée dans le kantisme comme indépendante de toutes les conditions dont la sensibilité fournirait la matière. Pour Kant, «  L’autonomie de la volonté est donc le principe suprême de la moralité. »[2]

            Selon Hoffe Kant présente l’autonomie a deux faces dans sa morale: prise négativement elle signifie l’indépendance des principes de détermination matériels, et positivement, l’autodétermination ou législation propre de la raison pratique.[3] Le concept de liberté morale est souvent mal compris. Dans la Critique de la Raison Pure, Kant souligne que le sens de la liberté morale n’est pas d’avantage saisi dans le fait que l’homme scrute l’avenir, établit des projets pour sa vie et vit de tels projets.[4] La liberté morale ne se dévoile que dans une certaine qualité de projet de vie, dans les projets qui précisément s’élèvent au-dessus de la sphère des instincts, des avantages et des inconvénients, pour atteindre celle de l’inconditionné par rapport à la stabilité. Kant rassure que: « La liberté dans le sens pratique est l’indépendance de la volonté par rapport à la contrainte des penchants de la sensibilité. »[5]

            Avec la liberté dit Kant, le principe moral ne réside plus, comme chez Aristote, dans la fin suprême, dans le bonheur. La morale prend sa source dans le principe absolument premier, le principe qui est inconditionné de l’établissement des fins. Dans cette perspective kantienne, l’idée de la responsabilité de l’action humaine revêt toute son acuité et sa radicalité, à savoir la qualité de liberté transcendantale ou d’autonomie de la volonté.[6]

            Kant est conscient du fait que l’homme est fondamentalement conditionné à plus d’un égard, par exemple, il a besoin de manger, de boire et de dormir ; il est doté d’un tempérament calme ou plutôt bouillant, il dépend de ce qui a marqué sa prime enfance, etc. Cependant, pour Kant, tous ces conditionnements ne sont  des états de fait absolument immuables.[7] L’homme peut établir un rapport avec ses conditionnements, soit qu’il les repère, les juge et les accepte, soit alors qu’il les rejette et œuvre à leur changement par l’éducation ou l’auto-éducation, par exemple. Mais ce qui importe avant tout et, c’est ce

 

[1] Ibidem, p. 46.

[2] Ibidem, fondement de la métaphysique des mœurs, Paris, Aubin, 1986, p. 47

[3] O. HOFFE, Introduction à la philosophie pratique de Kant. Suisse, Albeuves Castellan, 1985, 132.

[4] E. KANT, Critique de la raison pure. Paris P.U.F, p. 395.

[5]  Ibid., p. 395.

[6] Ibidem, p. 32.

[7] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubin, 1986, p. 193.

que signifie le principe d’autonomie, c’est que les impulsions des sens, ne doivent pas être les principes ultimes qui déterminent l’action. Le principe de la liberté ou de l’autonomie de la volonté n’invite pas l’homme à renoncer d’une part à sa vitalité, à sa sensibilité et à ses autres facultés naturelles.[1] Le principe de la liberté ou de l’autonomie de la volonté est bien plus, nous dit Kant, la condition de possibilité de concevoir le sujet moralement. « L’idée de la liberté dit-il est indissolublement liée au concept de l’autonomie, à celui-ci le principe universel de la moralité, qui idéalement sert de fondement à tout être raisonnable. »[2]

            Ainsi, avec le principe de l’autonomie, Kant fournit à la philosophie morale une nouvelle base. Le fondement de la morale ne se trouve ni dans le bienveillant amour comme il en est le cas dans la morale de Rousseau, ni dans un sens moral tel que certains empiristes anglais comme Hume le sous entendent, car « ils n’expriment tous deux qu’une situation factuelle du sujet qui est en outre fortuite, et de ce fait, ne sont pas strictement valables et nécessaire universellement. »[3] La morale trouve encore ses racines ni dans un sentiment physique comme dans l’épicurisme, dans la perfection des choses, comme chez les stoïciens, ni dans la volonté de Dieu comme chez les théologiens chrétiens. Ils ne peuvent être le principe ultime justifiant les obligations morales.[4] Car, s’il en était ainsi, la morale serait issue de la souveraineté et de la puissance de Dieu et l’homme y obéirait d’une récompense ou dans la crainte d’un châtiment.

2.2.4 L’humanité comme principe de détermination de la volonté bonne

Kant souligne que la volonté est conçue comme une faculté de se déterminer soi-même à agir conformément à la représentation des certaines lois. Et une telle faculté ne peut se rencontrer dans des êtres raisonnables.[5]Or ce qui sert à la volonté de principe objectif pour se déterminer elle-même, c’est la fin, et, si celle-ci est donnée par la seule raison, elle doit valoir également pour tous les êtres raisonnables. Pour Emmanuel Kant, « l’homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré. »[6]

 

[1] Ibid., p. 193.

[2] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubin, 1986, p. 193.

[3] Ibidem, p. 135

[4] Ibid., p. 135.

[5] Ibid., p. 103.

[6] Ibid., p. 104.

Par la suite Kant souligne que dans toutes ses actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent d’autres êtres raisonnables, l’homme doit toujours être considéré en même temps comme fin.[1] Tous les objets des inclinations n’ont qu’une valeur conditionnelle ; car, si les inclinations et les besoins qui en dévient n’existaient pas, leur objet serait sans valeur. Dans la morale kantienne, il faut respecter l’impératif pratique qui dit « agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »[2]Au dire de Kant s’il doit y avoir un principe pratique suprême, et au regard de la volonté humaine un impératif catégorique, il faut qu’il soit tel que, par la représentation de ce qui, étant une fin en soi,[3]est nécessairement une fin pour tout homme, il constitue un principe objectif de la volonté, que par conséquent il puisse servir de loi pratique universelle. Pour Emmanuel Kant « la nature raisonnable existe comme une fin en soi. »[4]

2.2.4 Conclusion partielle

L’idée qui est ressortie de la pensée de Kant est que la faculté d’agir d’après la représentation des lois s’appelle volonté de sorte que la raison pratique n’est rien d’autre que la faculté de vouloir. La question de la structure fondamentale de la volonté morale, question ignorée  par l’éthique actuelle, et traitée en deux temps par la Critique de Raison Pratique. Kant commence à éliminer toutes les maximes provenant d’une volonté non morale empiriquement déterminée, et nous livre le principe universel des maximes. Pour Kant l’homme peut être considéré à deux points de vue : comme un être appartenant au monde sensible, il est soumis aux lois de la nature, et sa volonté, quand il s’y renferme, ne peut être qu’une volonté hétéronome ; comme être appartenant au monde intelligible, il relève des lois purement rationnelles, et sa volonté, loin de les subir, les promulgue par ses maximes.

Pour parler d’une volonté bonne dans la morale kantienne il faut que cette dernière soit déterminée par l’autonomie de la volonté qui est le principe suprême de la moralité, l’universalité de la volonté et la dimension de l’humanité qui est une  fin en soi. Ce qui fait

 

[1] Ibid., p. 104.

[2] Ibid., p. 105.

[3] Ibid., p. 105.

[4] Ibid., p.105.

que la bonne volonté soit telle ne sont pas ses œuvres ou ses succès, ce ne pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, c’est seulement" le vouloir" c’est-à-dire que c’est en soi qu’elle est bonne. La bonne volonté est donnée universellement à tout le monde de façon individuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TROISIEME CHAPITRE : REPRISE CRITIQUE DU CONCEPT BONNE VOLONTE  DANS LA PENSEE MORALE DE KANT

  1. INTRODUCTION

Le concept de la bonne volonté dans la morale du devoir de Kant a une valeur plus qu’historique. Kant a démontré  par des procédés scientifiques et réfléchis, il a exposé d’une manière raisonnée que le monde n’est dans tout son être qu’illusions ;  telle est la base, telle est l’âme, tel est le mérite capital de toute sa philosophie. Selon le philosophe Arthur Schopenhauer, « Kant a eu l’indéniable mérite de purifier la morale de l’eudémonisme des anciens pour la majorité desquels la vertu s’identifie presque toujours à la félicité. »[1]

La bonne volonté dans son fond comporte un  formalisme prêche une morale trop sévère  qui peut être appliquée nulle part dans le monde. Le concept de bonne volonté devient pour cela de l’ordre idéal et non réelle, c’est-à-dire ici Kant prône ce qui serait et non ce qui est dans la vie pratico-pratique. Dans cette perspective, nous voulons  critiquer la morale kantienne du devoir qui reste plus idéal que réel. Dans un premier point nous allons souligner les faiblesses du formalisme kantien, qui prêche une morale très sévère dans son fond ; nous allons aussi montrer dans le deuxième point la faiblesse que présente l’impératif catégorique qui retrace les traits de la valeur morale qui est le caractère obligatoire et dans le troisième point, nous allons souligner les faiblesses que présente l’autonomie de la volonté, qui n’est rien autre que la liberté dans la morale kantienne. En voici l’ossature.

3.1 Critique Schopenhauerienne de la bonne volonté dans la morale de Kant

            Parmi les grands philosophes qui ont lu systématiquement Emmanuel Kant, Schopenhauer en est celui qui s’est plus intéressé aux écrits de ce grand monument en philosophie. Pour Schopenhauer, dans la conception de la volonté et dans l’appréhension morale chez Kant il y a une fausse identification de la conduite raisonnable avec vertueuse. Il l’exprimait à ces mots : « agir raisonnablement, ou agir vertueusement, noblement, saintement, reviendrait au même ; agir par égoïsme, avec méchanceté, mal agir, ce serait agir déraisonnablement.[2]Le contenu du devoir absolu, la loi fondamentale de la raison

 

[1] ARTHUR SCHOPENHAUER, Le monde comme volonté et comme représentation. Paris, PUF, 1996, p. 1113.

[2] Ibid., p. 646.

pratique est selon Schopenhauer le fameux : « agis de telle sorte que la maxime de ta volonté pusse toujours être considérée comme le principe d’une législation générale. »[1]

            Ce principe selon Schopenhauer, charge celui qui cherche un régulateur de sa volonté propre d’en trouver également un pour celles des autres. Schopenhauer se demande ensuite comment un tel régulateur peut être trouvé. Manifestement, pour découvrir la règle de ma conduite, je ne dois pas seulement au dire de Schopenhauer avoir égard à moi, mais à l’ensemble des individus.[2]C’est-à-dire que ma fin, au lieu d’être mon bien propre, est le bien de tous sans distinction. Sans doute selon Schopenhauer il suit que je ne dois nuire à personne, puisque l’adoption universelle de ce principe fait qu’on ne me nuit pas non plus, c’est uniquement la recherche d’un principe morale que je ne possède pas  encore, Schopenhauer souhaite la transformation du principe dont il s’agit en loi universelle.[3]

            Schopenhauer souligne qu’une autre faute encore a été relevée souvent dans le système moral de Kant, parce qu’elle choque le sentiment de tous, et Schiller l’a tourné en ridicule dans une de ses épigrammes. C’est cette affirmation pédantesque, « qu’une action pour être vraiment bonne et méritoire, doit être accomplie par pur respect pour la loi et le concept de devoir, et d’après une maxime abstraite de la raison, non point par inclination, par quelque tendre mouvement du cœur, tous ces sentiments sont mêmes très gênants pout les personnes pensantes car, ils jettent des confusions dans leurs maximes réfléchies. »[4]Pour Schopenhauer l’action doit se faire à contrecœur, en surmontant une certaine répugnance. Mais ce qui est plus grave, cette manière de  comprendre l’acte moral est tout à fait contraire à celui de l’esprit véritable ; au dire de Schopenhauer, ce n’est pas l’acte lui-même qui est bon, c’est la joie de l’accomplir, l’amour dont il procède, et sans lequel il reste lettre morte, qui en font tout le mérite.[5]

3.3 Critique de l’autonomie de la volonté par René Simon

            Autre difficulté maintes fois soulevée contre la doctrine kantienne et qui nous paraît extrêmement grave : conformément aux résultats de la critique de la raison pure, nous savons, comme nous l’avons d’ailleurs rappelé plus haut, que dans le monde des

 

[1] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Vrin, 1985, p.87. Citer par Schopenhauer, in le monde comme volonté et comme représentation. Paris, PUF, 1966, p. 657.

[2] Ibid., p. 657. Ibid.,

[3] Ibid., p. 657.

[4] Ibid., p. 659.

[5] Ibid., p. 659.

phénomènes tout est régi par le déterminisme des lois et l’enchaînement causal des faits.[1] Sur ce plan, tout ce que nous pouvons dire concernant la vie morale humaine, c’est que nos actes sont déterminés par leurs antécédents. Pas de liberté. Et cependant, pas d’obligation sans liberté[2] Dans sa philosophie de la conduite humaine René Simon affirme en critiquant la morale impérative de Kant dans le sens ou pour ce dernier (Simon), une seule morale issue demeure possible : « rejeter la liberté du plan phénoménal au plan nouménal. Ce qui signifie que l’obligation a rencontré la liberté dans un monde qui n’est pas le monde de l’existence temporelle et ou la liberté a choisi, dans un acte intemporel, la figure qui sera celle de notre vie. »[3]

             De ce choix unique, découlerait toute la série des actes nécessairement déterminés qui font la trame de notre existence phénoménale. Autrement dit, comme le voit le philosophe René Simon, « tout se passe comme si j’avais choisi une fois pour toutes les événements qui constitueront mon histoire (sorte de prédestination dont je suis moi-même, au titre de moi nouménal, l’auteur), en choisissant mon caractère.[4] La claire vision nous ouvre l’idée que, en exilant la liberté de ce monde, elle en exile la morale. Nous comprenons par la suite pourquoi Kant donne la raideur que l’on sait à l’impératif catégorique et au devoir.[5] Mais cette raideur tient aussi et c’est la seule raison que nous ayons à retenir à la nécessité à laquelle Kant se voit acculé de donner à l’impératif catégorique toute la force qu’il enlève au bien.[6] Redisons plus encore que la morale de Kant se fonde uniquement, nous savons sur l’impératif catégorique, sur la loi envisagée dans son aspect purement formel.[7]Dès lors, la motivation que l’on plaçait du côté du bien est à reporter sur l’obligation. Il n’est pas question de nier la noblesse de l’attitude morale de cette doctrine, l’avons-nous dit plus haut. Mais il fallait quand même en montrer les limites.

3.1 René Simon et la bonne volonté : Faiblesse du formalisme Kantien

            Kant, par une extraordinaire et subtilité de technique philosophique, a pu formuler un système d’axiome. En fait, Kant affirme que la valeur morale dépend uniquement du contenu de la volonté de celui qui agit, ou encore, la seule motivation moralement

 

[1] R. SIMON, Morale. Philosophie de la conduite humaine. Paris, Bauchesne et ses fils, 1961, p.  

[2] Ibidem, p. 198.

[3] Ibidem, p. 198.

[4] Ibidem, p. 198.

[5] Ibidem, p. 199

[6] Ibidem, p. 198

[7] Ibidem, p. 198

acceptable est le seul respect de la loi. Il affirme aussi qu’il faut agir uniquement de telle sorte que la maxime de notre volonté puisse s’ériger en loi universelle[1].

            Ainsi pour Kant, le principe moral est absolu d’autant plus qu’il se suffit qu’il ne dépend pas de la réussite ni du but poursuivi dans l’action. Le retour de force de Kant consiste à avoir résolu la question de l’universalité. Le système proposé par Kant est contraignant. S’il y a sens à parler de la morale universelle, cette morale est kantienne. Cette morale sera critiquée par la plus part des philosophes pour son caractère irréaliste. Peut être qu’aucune action morale au sens que Kant définit ou perçoit la morale n’a pu exister et n’aura jamais existé, rien que dans le dans le monde idéal[2]. En effet, dans ses considérations critiques, Roger Vernaux affirme qu’on a reproché à la morale de Kant d’être inhumaine, inapplicable, d’être impossible.[3]

            Le point faible de la bonne volonté morale est la jonction que Kant fait des deux « moi », le moi empirique, sensible ou phénoménal, et le moi intelligible ou nouménal.[4]Le moi empirique est soumis à la nécessité des lois naturelles ; la liberté ou l’autonomie de la volonté ne se trouve que dans le monde intelligible. Vernaux se pose la question de savoir comment une décision prise librement dans le monde intelligible peut se traduire dans le monde sensible, ou tout est strictement déterminé.[5]En fait, nous pouvons nous demander en quoi une liberté ou volonté autonome peut servir à la vie morale qui se déroule dans le temps et dans le monde sensible. A ce propos René Simon écrit : « conformément aux résultats des critiques de la raison pure, on sait que dans le monde des phénomènes tout est régi par le déterminisme des lois et l’enchaînement causal des faits. Sur ce plan, tout ce que nous pouvons dire sur la vie humaine, c’est que nos actes sont déterminés par leur antécédent : pas d’autonomie de la volonté. »[6]

            Chez Kant, la notion de moralité exclut la considération du bien et se définit par l’obligation ou par l’impératif catégorique.[7] Il faut agir de telle sorte que notre maxime puisse toujours s’ériger en loi universelle.

            Kant accepte l’impératif catégorique comme un fait dont personne ne se demande s’il est légitime ou non. Il est et cela suffit. Pour avoir détaché l’autonomie de la volonté et

 

[1] Ici nous nous référons à ce que nous avons affirmé auparavant

[2] R. VERNEAUX, Histoire de la philosophie moderne. Paris, Bauchesne et ses fils, 1963, p. 172.

[3] Ibidem, p. 172.

[4] G. DELUZE, La philosophie critique de Kant. Paris, P.U.F, 1963, p. 60.

[5] Ibidem, p. 174.

[6] R. SIMON, Morale. Philosophie de la conduite humaine. Paris, Bauchesne et ses fils, 1963, p. 198.

[7] J-L. NANCY, L’impératif catégorique. Paris, Flammarion, 1983, p. 140.

le devoir de toute métaphysique, Kant se rend dès lors incapable d’une justification vraie. Sertillanges affirme : « Ayant fait de l’impératif moral, son primum cognitum, Kant se voit acculé à laisser son impératif sans attache. Il ne peut le suspendre à un ordre éternel qu’il ignore […] Air selon l’ordre, ce n’est pas dans la conception de Kant, s’ordonner à l’ordre, mais à soi en tant que l’on conçoit l’ordre. »[1]

            Par le fait même la notion d’obligation chavire. L’obligation de l’impératif a été considérée comme absolue, elle est sans fondement. Car, « les postulats de la volonté ne sont que des postulats et non pas des valeurs scientifiques. »[2] De toute façon, il sera toujours difficile à l’homme de s’élever à cet idéal d’humanité. Avec le philosophe Georges Pascal nous affirmons sans doute que « jamais nous n’arriverons à rendre notre conduite entièrement conforme à la sainteté de la loi. Aussi devons-nous nous contenter de faire consister la moralité humaine dans l’intention, c’est-à-dire dans la volonté d’accorder la conduite à la loi. »[3]

3.2  Hoffe et la critique De l’impératif catégorique comme condition de possibilité de   volonté bonne

            L’impératif catégorique représente le pivot de la  morale kantienne. Il s’agit à ce propos de voir en l’autre, une fin en-soi et non un moyen. Kant prêche une morale sous forme d’un monisme qui est celui du retour au sujet qui est source de toute moralité.[4] La morale impérative de Kant est trop sévère et ne tient pas compte des conséquences. La plus part des philosophes reproche à Kant son sens du rigorisme[5] et, depuis Hegel on va répétant que contrairement à Aristote, il manque à Kant un concept de la praxis ; « sa raison pratique ne serait qu’une raison théorique au service d’intentions pratiques. L’éthique  kantienne serait fondée sur une doctrine dualiste douteuse qui sépare le monde morale du monde empirique et qui, par conséquent, n’est plus à même de saisir l’unité de l’action. »[6] Retenons par là que les philosophes reprochent à Kant également un devoir

 

[1] SERTILLANGES, La philosophie morale de saint Thomas D’Aquin. Paris, Aubier, 1951, p. 298.

[2] R. SIMON, op, cit.,  p. 198.

[3] GEORGES PASCAL, Pour connaitre la pensée de Kant. Paris, Bordas, 1966, p. 186.

[4] Y. BELAVAL, Histoire de la philosophie2. La Renaissance, l’Âge classique, le Siècle des lumières. La révolution kantienne. Paris, Gallimard, 1975, p. 793.

[5] O.  HOFFE, Introduction à la philosophie pratique de Kant. La morale, le droit et la religion. Suisse, Castellan, 1985, p. 51.

[6] Ibidem, p. 51.

purement subjectif et d’une manière majuscule  Max Scheler a imputé à Kant l’éthique de la conviction et son formalisme.[1]

            Par ailleurs, une nature humaine ne présente qu’une volonté jamais parfaite : elle est soumise non seulement à la raison, mais aussi à des conditions subjectives, c’est-à-dire ici à l’influence des penchants de la sensibilité.[2] Il importe de signaler plus loin que la morale en générale, et celle de Kant en majuscule, renferme un objet purement idéal, et non un objet réel, ce qui doit être, et non ce qui est.[3] L’obligation catégorique d’Emmanuel Kant présente un caractère purement trop sévère et applicable nulle part car, comme le perçoit le philosophe Gilles Deleuze, la réalisation du bien de la morale suppose un accord de la nature sensible (suivant ses lois) avec la nature suprasensible (suivant sa loi).[4] En poursuivant avec Deleuze dans la critique de la morale kantienne, nous soutenons qu’il semble exclu que la maxime morale ne légifère pas sur le monde sensible, et que celui-ci est régi par ses propres lois qui restent indifférentes aux intentions morales de la volonté.[5]

            La bonne volonté d’Emmanuel Kant est de l’ordre idéal et non réel ; c’est-à-dire Kant dans sa morale d’obligation prône plus ce qui devrait être et- non ce qui est vécu réellement dans la vie pratique. Ce qui est pourtant difficile voire même impossible dans la morale kantienne. Cette même critique nous révèle dans son fond  que, la morale de Kant s’occupe plus de la forme d’agir et non du contenu. Et pour cela elle est contre intuitive, c’est-à-dire elle ne tient pas compte des conséquences. Elle tient plutôt compte des critères de l’agir moral en se basant plus sur la bonne volonté d’agir.

            Les principes et lois pratiques que propose le philosophe Emmanuel Kant, sont très importants dans la philosophie morale de toutes les époques philosophiques. Le concept de morale devient au reste ici un pur problème, dont l’impératif constitue l’énoncé. Au sens du philosophe Jean-Luc Nancy, « l’impératif catégorique de Kant est vide- vide de morale à proprement parler. »[6]Hegel le fera assez remarquer dans sa philosophie. L’impératif catégorique ne prescrit rien d’autre que l’universalité de la maxime, qui doit pouvoir être

 

[1] Ibidem, p. 51.

[2] G. PASCAL, Pour connaitre la pensée de Kant. Paris, Bordas, 1966, p. 122.

[3] Ibidem, p. 120.

[4] G. DELEUZE, La philosophie critique de Kant. Paris P.U.F, 1963, p. 63.

[5] Ibidem, p. 61.

[6] J-L. NANCY, L’impératif catégorique. Paris, Flammarion, 1983, p. 108.

érigée en loi universelle.[1] Néanmoins pour l’universalité comme telle, il ne peut, dans la finitude, y avoir d’intuition. Avec Nancy disons que la loi morale n’a pas de schème. Elle a déclare la deuxième critique, la forme seulement d’une idée. C’est l’idée même de la loi, comme loi universelle de la nature.[2] Autrement dit, c’est la forme de la conformité-à-la loi comme telle, ou plutôt, puisque la loi n’est déterminée par aucun contenu autre que cette forme, le type est la forme de la conformité-à-la loi en générale.[3]  

3.4 La Bonne Volonté à l’ère de la mondialisation

            La bonne volonté au sens de Kant est universelle elle est donnée à tout le monde sans distinction aucune. Kant dit que la valeur morale ne se trouve pas dans la réalisation d’un service et non plus dans le but à atteindre ; mais dans la raison pour laquelle il faut comprendre la notion de la bonne volonté.[4]En faisant un lien avec la poussée technologique que traverse la société actuelle, il sied de comprendre que la bonne volonté de chacun à accomplir un acte bon sans contrainte, serait le mieux pour une bonne harmonie dans cette diversité des productions technologiques. C’est comme a souligné le philosophe Eric Weil dans sa morale tout en adressant indirectement une critique à Emmanuel Kant que « la morale veut être pensée en même temps que vécue, vécue en même temps que pensée. »[5] En asseyant de nous plonger dans le bain d’Eric Weil, nous comprenons par là que ce qui importe c’est de penser et vivre la morale dans la pratique à  cette époque de la poussée technologique et non pas rester dans les idées comme il en est chez Kant.

              La lecture pertinente de la métaphysique des mœurs nous laisse entrevoir que la faculté d’agir d’après la représentation des lois s’appelle volonté de sorte que la raison pratique n’est rien d’autre que la faculté de vouloir : « agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »[6]Notre agir moral doit tenir compte des autres quelle que soit l’avancée de la mondialisation qui bat record à l’ère qui est la notre.

 

 

[1] Ibidem, p. 108.

[2] Ibidem, p. 108.

[3] Ibidem, p. 109.

[4] E. KANT, Fondement de la métaphysique des mœurs. Paris, Aubin, 1986,  p. 100

[5] ERIC WEIL, La philosophie morale. Paris, Vrin, 1992, p. 8.

[6]E. KANT, op, cit., p. 105.

3.5 Conclusion partielle

            La critique Schopenhauerienne nous a montrée que dans la conception de la volonté et dans l’appréhension morale chez Kant il y a une fausse identification de la conduite raisonnable avec vertueuse. Pour Schopenhauer Kant fait une confusion entre agir raisonnablement, ou agir vertueusement, noblement, saintement, qui reviendrait au même ; agir par égoïsme, avec méchanceté, mal agir, ce serait agir déraisonnablement. Schopenhauer souligne qu’une autre faute encore a été relevée souvent dans le système moral de Kant, parce qu’elle choque le sentiment de tous, et Schiller l’a tourné en ridicule dans une de ses épigrammes. C’est cette affirmation pédantesque, qu’une action pour être vraiment bonne et méritoire, doit être accomplie par pur respect pour la loi et le concept de devoir, et d’après une maxime abstraite de la raison, non point par inclination, par quelque tendre mouvement du cœur, tous ces sentiments sont mêmes très gênants pout les personnes pensantes car, ils jettent des confusions dans leurs maximes réfléchies. 

                                      La bonne volonté d’Emmanuel Kant est de l’ordre idéal et non réel ; c’est-à-dire Kant dans sa morale d’obligation prône plus ce qui devrait être et- non ce qui est vécu réellement dans la vie pratique. Ce qui est pourtant difficile voire même impossible dans la morale kantienne. Cette même critique nous révèle dans son fond  que, la morale de Kant s’occupe plus de la forme d’agir et non du contenu. Notre agir moral doit tenir compte des autres quelle que soit l’avancée galopante de la mondialisation qui bat record à l’ère qui est la notre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

CONCLUSION GENERALE

Il est impossible d’entrer vraiment dans la philosophie si l’on ne prend pas le temps de comprendre en profondeur au moins un grand philosophe. Kant par sa discussion philosophique, transcendantale et fondamentale, veut révolutionner toutes les matières de penser ayant existé jusqu’à lui et placer, pour la première fois, la philosophie sur une base absolument certaine à savoir celle de la critique. Ainsi, la pensée de Kant se présente comme un projet de philosophie critique. La question de la structure fondamentale de la volonté morale, question ignorée  par l’éthique actuelle, et traitée en deux temps par la Critique de Raison Pratique. Kant commence à éliminer toutes les maximes provenant d’une volonté non morale empiriquement déterminée, et nous livre le principe universel des maximes. Pour Kant l’homme peut être considéré à deux points de vue : comme un être appartenant au monde sensible, il est soumis aux lois de la nature, et sa volonté, quand il s’y renferme, ne peut être qu’une volonté hétéronome ; comme être appartenant au monde intelligible, il relève des lois purement rationnelles, et sa volonté, loin de les subir, les promulgue par ses maximes.

Ainsi, avec le principe de l’autonomie de la volonté, Kant fournit à la philosophie morale une nouvelle base. Le fondement de la morale ne se trouve ni dans le bienveillant amour comme il en est le cas dans la morale de Rousseau, ni dans un sens moral tel que certains empiristes anglais comme Hume le sous entendent, car ils n’expriment tous deux qu’une situation factuelle du sujet qui est en outre fortuite, et de ce fait, ne sont pas strictement valables et nécessaire universellement. De ce fait, les principes et lois pratiques que propose le philosophe Emmanuel Kant, sont très importants dans la philosophie morale de toutes les époques philosophiques. Le concept de morale devient au reste ici un pur problème, dont l’impératif constitue l’énoncé principal. Pour Kant, les activités de l’esprit qui relèvent du domaine des principes de détermination matériels ou empiriques sont exclues du domaine de la morale en tant que moralité. Kant se demande si l’on n’a pas épuisé la totalité des déterminations possibles et si, par conséquent, on n’a pas évacué du même coup la morale. Dans la deuxième phase de sa démonstration, Kant montre qu’une fois toute matière exclue, il demeure toujours la forme de la maxime. C’est pourquoi, la morale réside là où la simple forme législative des maximes est à elle seule le prince suffisant de détermination de la volonté.

Par ailleurs, Kant souligne que dans toutes ses actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent d’autres êtres raisonnables, l’homme doit toujours être considéré en même temps comme fin.[1] Tous les objets des inclinations n’ont qu’une valeur conditionnelle ; car, si les inclinations et les besoins qui en dévient n’existaient pas, leur objet serait sans valeur. Dans la morale kantienne, il faut respecter l’impératif pratique qui stipule qu’un être raisonnable doit agir de telle sorte qu’il  traite l’humanité aussi bien dans sa personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.  Au dire de Kant s’il doit y avoir un principe pratique suprême, et au regard de la volonté humaine un impératif catégorique, il faut qu’il soit tel que, par la représentation de ce qui, étant une fin en soi, est nécessairement une fin pour tout homme, il constitue un principe objectif de la volonté, que par conséquent il puisse servir de loi pratique universelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Ibid., p. 104.

Bibliographie

  1. Ouvrage de l’auteur

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              - Critique de la raison pratique. Paris, Aubin, 1985.

              - Critique de la raison pure. Paris, PUF, 1984.

             -Critique de la faculté de juger, Paris, PUF, 1985

2. Ouvrage sur l’auteur

DELEUZE, G., La philosophie pratique de Kant. Paris, PUF, 1944.

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PASCAL, G., Pour connaitre la pensée de Kant. Paris, Bordas, 1996.

VIALATOUX, J., La morale de Kant. Paris, PUF, 1966.

  1. Autres ouvrage

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CHATELET, F., La philosophie de Kant et Husserl. Verviers, les nouvelles éditions Marabout, 1979.

FERRY, L., Une lecture des trois critiques. Paris, Ed. Bernard Grasset, 2006

RAWLS, J., Leçon sur l’histoire de la philosophie morale. Paris, Décelée, 2002.

ROUSSEAU, J., Du contrat social. Paris, Union générale d’édition, 1973.

UDAGA, D., La subjectivité à l’épreuve du mal. Réfléchir avec Jean Nabert sur une philosophie de l’intériorité. Paris, L’ Harmattan, 2014.

SERTILLANGES, La philosophie morale de Saint Thomas D’Aquin. Paris, Aubier, 1951.

SIMON, R., Morale. Philosophie de la  conduite humaine. Paris, Bauchesne et ses fils, 1967.

VERNEAUX, R., Histoire de la philosophie moderne. Paris, Bauchesne et ses fils, 1957

WEIL, E., Philosophie morale. Paris, Vrin, 1992  

 

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